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«Nous avons fait un beau voyage…» chante-t-on

Vous trouverez dans les pages suivantes des photos de notre voyage au Mexique, destinées à nos compagnons et compagnes de voyage, et à nos amis.

Si vous n’aimez pas les romans à rallonge, passez directement aux photos.


Nous sommes donc partis le vendredi 13 fév. 2005 de Bruxelles vers 6 h du matin, après avoir passé une nuit blanche à l’aéroport de Bruxelles: ambiance très particulière, où l’on se sent à la fois un peu voyageur dans un aéroport trop grand pour les quelques personnes égarées qui, comme nous, n’avaient pas trouvé utile de se coucher pour un rendez-vous à 3 h du matin, SDF favorisé: au chaud, sûr de trouver un lit le lendemain, et immigré illégal, comme ces « hommes de ménage » dont on ne savait pas trop s’ils faisaient vraiment du nettoyage ou s’ils s’amusaient à jouer à l’ouvrier dûment autorisé, salarié, déclaré et protégé par les lois sociales : une sorte de no man’s land, où plus personne ne sait qui est qui, et où nous-mêmes avions de la peine à le savoir pour nous-mêmes ; nous sommes devenus pour quelques heures les habitants presque fantômes du no man’s land. Et le plus vivant d’entre nous était peut-être cet « ouvrier-nettoyeur » qui se déplaçait sur son drôle de tracteur en chantant de belles chansons de son pays : la Turquie ; je lui ai demandé le titre de sa chanson, c’était beau, et tellement inattendu ! Pour Gérard, le voyage fait déjà partie des vacances, Bruxelles, ce jour-là, c’était déjà ailleurs : c’était même une sorte de nulle part, dont on pouvait se demander si on en sortirait un jour, ou si l’on y resterait coincé, comme certains clandestins le sont dans la zône de transit.

 

Mais soudain, le no man’s land s’est animé : les guichets ouvraient : il était presque 3 h, des voyageurs sont sortis de nulle part, eux aussi, tandis qu’une dame dormait encore sur un tapis roulant destiné aux valises, les bottes tournées la pointe en bas, dans le vide… Avant que nous ayons pu dire « ouf », notre guichet d’enregistrement était pris d’assaut par des inconnus qui prenaient les premières places, alors que nous avions passé la nuit à attendre : c’était nos places d’abord, non ?

15 h dans l’avion, cela paraît monstreux, surtout à moi qui trouve déjà longues les 4 h pour gagner Lanzarote ! Eh bien, pas du tout ! Pas de musique classique comme lors de notre dernier voyage pour les Canaries, mais un film, sous-titré en néerlandais : très intéressant, de comparer le néerlandais avec l’allemand pour la linguiste que je suis ; cela m’a bien plus intéressée que le film lui-même, que j’ai déjà oublié ; pour l’autre film, j’ai dormi, je crois, ou bien mangé, je ne sais plus, ou peut-être lu : quelle importance ? Je ne me suis pas ennuyée une seconde, malgré l’escale à Cuba qui rallongeait encore le temps de « vol ». Il est vrai que nous étions en classe « confort » : davantage de place pour les jambes, en avion, à notre âge, et quand on a de mauvaises jambes, ce n’est plus un luxe, c’est presque une nécessité (malgré les maudits bas de contention, chauds, gênants, mais ô combien, utiles !)

Et nous voilà à l’aéroport de Cancún : forts de notre expérience malheureuse en Egypte, nous refusons héroïquement les porteurs : pas d’histoires, comme cela ; notre guide nous attend, nous informe, nous conduit dans un hôtel joli et confortable où nous pourrons récupérer les (combien ?) heures de sommeil perdues : avec le décalage horaire, on ne sait même plus si on a sommeil ou pas, aussi, je commence par sauter dans la piscine de l’hôtel, pas bien grande, pas froide, ni chaude, au soleil couchant : c’est drôle, moi qui n’aime pas le sport, j’ai eu envie de nager, avec l’impression que cela me détendrait. J’ignore si c’était vrai.

Et au restaurant de l’hôtel, nous avons dégusté nos premiers plats mexicains : j’aurais cru que ce serait insupportable ; eh bien, non ! si on demande « pas épicé », on a quelque chose de tout à fait acceptable, voire, dans certains cas, dans certains hôtels, carrément bon.

Le lendemain, rebelote : aéroport, attente avec une certaine incertitude sur l’heure de départ : mais que fait donc le guide ? Puis le vol vers Mexico. Pas aussi marrant : les hôtesses ne sont pas souriantes, on s’ennuie un peu, malgré la brièveté du vol : 2 h. mais la récompense est là : on guette ce mythique Popocatpetl dont ma prof de géo nous rebattait les oreilles en 5ème (ou dans une autre classe, je ne sais plus, c’est loin, tout ça…), et à côté, il y en a un autre, on a beau se répéter le nom, pas moyen de s’en souvenir : la prof de géo a omis de nous le mettre dans la tête. Mais la belle légende qui est attachée à ces deux volcans, elle, reste bien dans la mémoire : une histoire qui ressemble à Roméo et Juliette, mais en bien mieux, puisque c’est nouveau ! Et puis, c’est tellement poétique, cette belle endormie sous forme d’une neige éternelle allongée sur un volcan oblong (une forme originale, non ?), veillée par son amoureux Popocatepetl…On s’en est mis plein les mirettes, de ces deux volcans, avant que l’avion ne vire de bord pour nous déposer dans la capitale. Là, grosse grimace : à la suite d’un malentendu, les Flamands qui seront nos compagnons de voyage décident de laisser leur caddies pour traîner les valises, nous suivons le mouvement, sans savoir que des longueurs inimaginables de couloirs nous attendent, avec nos lourdes valises, même équipées de roulettes, au bout des bras : pire que le métro à la gare Montparnasse !

Avant l’hôtel nous attend une redoutable épreuve : 4h de visite de la place principale de Mexico, le Zocalo, et du palais du gouverneur. Art postérieur à la conquista, même si cela montre les autochtones sous toutes leurs coutures, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé ; de plus, tout se fait debout : ceux qui me connaissent savent que je ne supporte pas tellement. Pourtant, le commentaire est intéressant, par son contenu, bien sûr, mais surtout, je peux comparer les deux commentaires, l’un en français, l’autre en néerlandais : très amusant : je découvre que je commence à comprendre des mots entendus dans cette langue, alors que jusqu’à maintenant je ne comprenais qu’à l’écrit. Chouette ! Ca, c’est du sport ! Mais zut, ce que j’en ai marre d’être debout ! Et ce n’est pas fini, on dirait que le guide met un malin plaisir à nous traîner à travers cette place typique et animée, parmi des marchands ambulants installés à même le sol, des danseurs musclés (plutôt pas mal, ces beaux sauvages…) harnachés de plumes multicolores : de vrais Indiens, ou du folklore pour touristes ? La place est visiblement plus pleine de Mexicains que de touristes. Alors ? Et puis, qu’est-ce que ça peut faire ? Et rezut ! il y a encore la cathédrale à visiter. Si je me débrouille bien, je trouverai peut-être un endroit où poser mes fesses quelques instants : ce sera une préoccupation constante tout au long de ce voyage : économiser mes forces, reposer mes lombaires et mes pieds à chaque fois que possible, pour être en mesure de fournir l’effort nécessaire au moment voulu, quand quelque chose m’intéresse vraiment : là, je n’ai plus mal nulle part : il faudra que j’en parle à ma psy…

On commencera par le Musée archéologique de Mexico : cela me va ; je commence avec enthousiasme, c’est le matin, je suis reposée, je prends consciencieusement mes photos de manière à m’y retrouver plus tard. Très intéressant, de belles choses, exposées avec clarté intellectuelle ; on ne peut pas en dire autant de la clarté visuelle : tout nage dans une demi-pénombre peu propice à la photo, et pénible pour la myope que je suis. Pas le moindre siège, évidemment ! Finalement, un bout d’escalier m’accueillera quelques instants en fin de visite : ouf ! il était temps !




Teotihuacan ! Le commentaire soporifique de Michel Bouquet, écouté et réécouté, pour mieux comprendre, pour mieux retenir….Je ne sais même plus s’il parlait de ce site-là ou d’un autre… Peu importe ! Là, on ne voit pas des morceaux de bâtiments sans trop comprendre le pourquoi du comment, le guide explique, bien, clairement, j’accroche : j’ai assez travaillé pour ça, quand même ! Je regrette même que l’on n’appelle pas les dieux par leurs noms aztèques, pour mieux me les mettre dans la tête : le serpent à plumes, c’est Quetzalcoatl, pourquoi ne nous le dit-on pas ? Et les autres dieux, que je ne connais pas bien, pourquoi ne m’aide-t-on pas à mieux les connaître ? On ne peut pas tout faire, dit le guide. C’est vrai que 10 jours pour découvrir des civilisations aussi diverses, sur d’aussi grandes distances, c’est peu : je n’en reviens pas, finalement d’avoir pu en voir autant ! Teotihuacan, c’est d’abord un bout de cour retapé (que je prends pour du vrai !), puis quelques peintures murales encore un peu colorées , et puis, et puis.. on débouche sur une grande place, bien plus grande que le Zocalo, entre nous, entourée à distance respectable d’immenses pyramides, des hautes, des plates, il y en a pour tous les goûts ; dispositions en accord avec le soleil, la lune, tout ce que vous voulez ; et si vous avez les jambes entraînées, vous pouvez même monter en haut de la grande pyramide : Gérard fera sagement le premier palier, et il aura raison : les marches sont hautes, et la descente vertigineuse est une redoutable épreuve pour les cuisses et les genoux. Moi, je reste en bas, je discute avec des marchands, je prends des photos des marchands et des pyramides, ou des pyramides et des marchands, au choix…L’un d’eux veut me vendre un magnifique buste en obsidienne, incrusté de nacre et de turquoise ; on joue avec le prix ; mais je vois qu’il ne baissera pas à celui que je me suis fixé, je coupe court à la « négociation ». Dommage, il était joli, son buste ; l’obsidienne, la pierre qui servait de couteau lors des sacrifices : encore un mythe,qui se perd dans un sordide marchandage qui n’aboutit même pas : je suis un peu déçue. Un sympathique vendeur de couvre-lits me montre sa marchandise : plein de jaune : j’ai horreur de ça ! pour me débarrasser de lui, je lui explique dans mon espagnol approximatif que c’est trop petit pour nos grands lits ; il me demande la taille et prend un air déçu quand je lui annonce 1,80 m ; mais nous restons copains quand même, je le prends en photo, de loin, puis de près, il a l’air content que l’image de son couvre-lit traverse l’Atlantique, avec la grande pyramide en toile de fond…

Direction Puebla : d’accord, c’est une ville fondée par les Espagnols, mon intérêt tombe, mais un peu de repos dans le bus est fort apprécié. Tour du Zocalo de Puebla avant le repos à l’hôtel : ce guide nous tue !

Le lendemain, re-bus, en direction d’Oaxaca, cette fois : on y passera deux nuits, ce sera moins fatigant, pense-t-on…On aura du temps libre, justement, j’ai repéré un musée archéologique qui… pas de chance ! c’est son jour de fermeture ! Arrivés assez tard à Oaxaca, nous devions y aller ce jour-là, le lendemain, il était fermé. A la place, on a droit à la visite de l’inévitable Zocalo (c’est le 3ème, et il y en aura d’autres…). Claquée et déçue.

Le lendemain matin, on repart avec un nouvel entrain, pour un site archéologique, Monte Alban : arbres à fleurs bleues sur le site, mais c’est un arbre à fleurs blanches qui lui a donné son nom : je n’en déniche qu’un seul specimen sur le site. Chic ! pas trop gigantesque, pyramides, alignement solaire, la routine, quoi ! Je prends des photos, et en même temps, je marchande avec des « clandestins », ainsi que les appelle un guide local. L’objet est joli, j’hésite longtemps entre le bleu et le vert ; cela fait descendre le prix ; cette fois, il convient au budget que je me suis fixé ; je demande à Gérard ce qu’il préfère : dès qu’il a émis son avis, je découvre que j’aurais préféré l’autre ; gageons que s’il avait choisi l’autre couleur, j’aurais réagi de la même façon : j’aurais voulu les deux ; mais quand on ne sait déjà pas quoi faire du premier, à quoi bon en prendre un deuxième ? Ce qui est dit est dit, j’achète le masque, tout en regrettant « mon » buste en obsidienne incrusté… Je n’en verrai pas d’autre aussi beau.

On rentre au galop pour visiter un gigantesque musée installé dans un ancien couvent : quelques pièces précolombiennes, beaucoup d’objets espagnols : à quoi bon traverser l’Atlantique pour voir des armures et des Saintes Vierges bien semblables à ce qu’on peut voir chez nos voisins européens ? De toute façon, il faut vite choisir entre aller aux toilettes et finir la visite du musée ; une cavalcade à travers les salles, un arrêt devant les choses bizarres et/ou précolombiennes, passage aux toilettes, où je découvre le charme du seau d’eau (aromatisée, quand même !) dans lequel on tire sa petite bassinette d’eau pour se laver les mains ; la chasse ne marchait pas, cela arrivera souvent : il semblerait que nous ne savons pas la faire fonctionner : il faut mettre l’eau dans le réservoir, puis actionner la chasse : c’est pourtant simple, non ? Ce qu’on peut être sots, « nous autres », comme diraient les Canadiens. Ca, c’est la théorie, pour la pratique, je ne connais personne qui ait même eu l’idée d’essayer.

Le soir, direction un petit restau sympa avec spectacle de danses locales. Pour la bouffe, je ne me risque pas dans les nouveautés: le guacamole et les frijoles (purée de haricots noirs) habituels feront l'affaire. Mais le spectacle! Très jolis costumes, danseurs et danseuses professionnels: pas une fausse note dans des gestes précis, bien coordonnés, et, cerise sur le gâteau, un sourire joyeux et naturel (le peuple mexicain nous a d'ailleurs paru, justement, joyeux, naturel et bon enfant, dans l'ensemble), alors que quelques unes des danses demandent un effort certain; un pur moment de plaisir. Et moi, gourde que je suis, qui ai oublié l'appareil photo: je me serais battue! Heureusement Gérard a trouvé un site qui présente quelques photos assez représentatives (le site donné sur le programme ne donne rien) (Casa de Cantera - Oaxaca)

Et les deux nuits dans le même hôtel sont déjà passées : de repos, point, pas même sur les marches d’un escalier du musée, d’où un garde sévère m’a fait déguerpir piteusement. En route à 6 h du matin (le décalage horaire aidant, on n’en souffre pas trop) pour Tehuantepec : pour les ignorants, c’est près de la côte Pacifique, à l’endroit où l’isthme est le plus étroit. La route sera longue, chic ! un peu de repos ! On s’arrête quelques instants, à Tule, voir un arbre gigantesque (le 2ème du monde, paraît-il), plus loin, un charmant petit site archéologique, avec une petite église au milieu : Mitla. Il est charmant parce qu’il n’y a pas besoin de courir sur de longues distances ; par contre, les voûtes y sont si basses que je crois que, sans ma casquette, j’y laissais ma caboche : deux fois, j’ai réussi à me cogner, et fort ! je crois que j’ai encore quelques bosses…Arrivée à Tehuantepec : déception : c’est à 10 km du Pacifique, mais on ne le verra pas : ce n’est pas la peine, dit le guide, c’est moche, paraît-il. Mince ! moi qui m’étais fait tout un cinéma sur ce Pacifique que je n’ai jamais vu ! Je sais, c’est la même chose que l’Atlantique, mais c’est symbolique : demandez à Gérard ce qu’il aurait pensé si, à Londres, on lui avait annoncé qu’il ne verrait pas le méridien de Greenwich ; moi, c’est pareil avec le Pacifique, voilà ! Eh bien, punie ! Privée de Pacifique ! A la place, l’hôtel le moins agréable du circuit (j’ai oublié pourquoi), au restaurant, un fumeur désagréable, pas très bon souvenir, finalement…

Et en route pour la suite, et la suite est vraiment chouette ! Passage de l’isthme à petite vitesse sous vent pourtant modéré : le guide nous explique que les terres sont en train de se séparer : vous vous rendez compte ? On est en train d’assister de visu à un phénomène géologique inédit : la séparation d’un continent en deux ! Enfin, bon, il s’écoulera encore un certain temps avant que cela devienne vraiment effectif, mais quand même ! Cela me console de ne pas avoir vu le Pacifique.

Une bien plus belle surprise nous attend : le cañon du Sumidero : impressionnant pour les Européens, que ces 900 m de falaise à l’endroit le plus haut ; comme dit Gérard, avec notre petit Verdon, on a l’air d’un c… Promenade en bateau (pardon à la dame du groupe que j’ai gênée en prenant des photos, je ne m’en étais pas rendu compte ; elle a bien fait de le dire, sinon, j’aurais continué !), avec arrêts bien choisis pour voir des crocodiles, des oiseaux, la statue de la Sainte Vierge (il y en a partout, des Saintes Vierges) ; j’ai pris plein de photos, mais je n’ai pas encore eu le temps de les regarder. Notez que je n’ai pas encore eu le temps non plus de regarder les documents rapportés de notre voyage en Egypte en janvier 2004. Alors…

Arrivée à San Critóbal , il faut encore aller au Zocalo, je renâcle : marcher, toujours marcher ; les sites, les musées archéologiques, je veux bien, mais pour les Zocalos, c'est drôle, je suis moins enthousiaste, sauf…sauf…s’il y a des marchands de bijoux fantaisie, et, à ma grande joie, il y en a partout, des marchands de bijoux, je n’ai même pas le temps de les voir tous, tellement il y en a ! Et dire qu’à Luxembourg, c’est le désert sidéral pour ce genre d’objet, et Lanzarote, c’est pareil ! Et je n’ai même pas eu le temps de bien les regarder ! Oui, d’accord, j’en ai acheté quelques uns au vol, presque sans regarder ce que j’achetais, tellement on était pressés ; mais quand même, là, je ressens une petite frustration : non que j’en aurais acheté davantage, mais je m’en serais mis plein les mirettes, et puis je n’aurais pas cette impression que je suis peut-être passée à côté de quelque chose de bien que je n’aurai plus jamais l’occasion de retrouver.

La prochaine étape, c’est San Juan Chamula : un village maya pur sucre, où la moitié des gens ne parlent que la langue maya (j’ai déjà oublié le nom de la langue, je suis vraiment impardonnable), quelques mots d’espagnol, parfois, ça tombe bien, moi aussi, je ne parle que quelques mots d’espagnol : on est faits pour s’entendre, non ? Le guide nous a prévenus qu’il ne faut pas prendre de photos des gens sans leur autorisation (de toute façon, c’est la moindre des choses), et pas dans l’église (nous avons quand même une carte postale!). Ca, c’est dommage, parce que ça vaut le coup d’oeil : plein de gens assis par terre qui prient tout haut (ce dernier point est assez courant, au Mexique), plein de bougies allumées, par terre toujours, tout autour de l’intérieur de l’église, devant des saints qui représenteraient à leurs yeux leurs anciens dieux. Le Maître-autel est tout au fond, m’a dit Gérard ; il est tellement peu visible que je ne l’ai même pas vu. Avant d’entrer, j’avais été abordée par une petite vieille rusée qui voulait absolument que je la prenne en photo pour 20 pesos, un prix trop élevé, d’après le guide, j’ai discuté, en plus, je la trouvais moche, je n’avais pas envie de l’avoir sur mes photos ! On s’était quand même mises d’accord pour 15 pesos, ce qui était encore trop. Mais je n’avais pas la monnaie, j’ai demandé à des compagnons de voyage, qui n’ont pas voulu sortir leur quincaillerie au grand jour : l’échange s’est fait dans l’ombre complice de l’église ; on est restés assez longtemps dans cette église si étrange: à la sortie, la vieille avait disparu ; avec Gérard, on a fait un grand détour pour éviter la place du marché où on a supposé qu’elle nous attendait : voilà comment vous avez raté la photo d’une vieille moche (si ça se trouve, elle n’était pas plus vieille que moi, mais je me trouve moins moche qu’elle, question de goût, hein ?) . Par contre, en arrivant, j’ai vu une toute jeune fille, presque une gamine, avec un bébé sur la hanche, qui mâchait du maïs, pour ensuite le mettre dans la bouche du bébé. Comme le guide nous avait dit qu’il y avait beaucoup de très jeunes mères dans ce village, j’ai d’abord cru qu’elle était la mère du petit, et j’ai été très émue de la voir, j’aurais aimé garder un souvenir d’elle, avec le bébé qu’elle nourrissait avec tant de soin ; je l’ai suivie dans l’église (où elle a passé l’enfant à une femme plus âgée, sans doute sa mère et celle du bébé), mais elle comprenait très mal l’espagnol, et elle n’a pas voulu que je la prenne en photo ; je n’ai pas proposé d’argent, ce n’était pas la peine : pour une fois que je rencontrais quelqu’un qui n’était pas vénal, il faut respecter ça.

En redescendant du village, il a fallu faire un arrêt pipi d’urgence ; je me suis dit que je pouvais toujours profiter de l’occasion en « prenant mes précautions » comme on dit : j’ai regretté : on était en rase campagne, avec trois maisons misérables ; les gens ont demandé trois fois plus d’argent que pour des toilettes normales, pour nous permettre d’aller derrière leur maison où s’entassaient plein d’immondices de papiers et de plastique, et où on a eu bien de la peine à trouver un endroit possible. Le guide nous a expliqué qu’en fait, ils sont bien comme ça ; la nature généreuse leur donne de quoi vivre sans souffrir de la faim, et ils ne comprennent pas pourquoi ils se donneraient du mal pour que ce soit mieux : mieux, ils ne connaissent pas, cela ne les intéresse pas. Le guide nous a raconté qu’une association s’était procuré des graines pour leur permettre de démarrer de la culture pour améliorer leur condition : ils leur ont donné les graines, leur ont expliqué comment les planter, comment les faire pousser, etc… Quand ils sont revenus un ou deux mois plus tard pour voir le résultat, ils ont retrouvé les graines pourries et mangées par des bestioles, dans les sacs d’origine : cela ne les intéressait pas. Ils n’avaient pas besoin de plus. Cela surprend un Occidental, habitué à ce qu’on exige toujours plus de lui ; ou c’est lui-même qui exige plus.

Ensuite, les cascades. Ah ! Les cascades ! Chacune dans son genre, c’est une merveille : Aqua Azul, c’est une grande, large et magnifique cascade en escalier qui s’étale sur environ un km ; pas de hauteur spectaculaire, mais une suite de bassins d’un vert jade très séduisant ; dangereux : il y a là des remous sournois qui ont tué, et l’eau n’y est pas saine, on peut y attraper des maladies. Beauté trompeuse…Mais beauté quand même…

Misol Ha, c’est tout autre chose : une haute falaise d’où tombe une grande cascade : bonne quantité d’eau, on peut passer derrière la chute, c’est amusant, ça mouille un peu, mais comme il fait chaud, cela ne gêne pas ; plus loin, il y a des rochers, si vous avez l’âme, et les pieds d’une cabrette, vous pouvez en sautant de rocher en rocher, atteindre une grotte : je ne l’ai pas vue, cette grotte : je n’ai plus les pieds d’une cabrette… Quant à l’âme…

Palenque, premier site maya sur notre route, rencontre avec le grand Pacal et son fils, le dieu Kukulkan. Gigantesque, ce site, et encore, ils sont loin d’avoir tout dégagé, il reste plein de bâtiments plus ou moins en ruines partout dans la jungle alentour : on pense alors à Angkor, qui doit être pire, d’ailleurs. Plein de marchands clandestins qui vendent surtout des peaux admirablement travaillées, car très fines et souples, colorées avec des peintures naturelles, certaines de ces peaux sont magnifiques : nous nous sommes laissé tenter…Ce site est traversé par une rivière, et on passe parfois près de la rivière, soit canalisée, soit libre dans le sous-bois. Certains monuments sont accessibles jusqu’à l’intérieur où restent quelques pâles couleurs dans de rares endroits : la jungle et son humidité ne pardonnent rien.

Le musée m’a joué un vilain tour : le fameux masque de Pacal était en restauration : j’ai donc fait la photo…d’une photo du masque ! avec un collier, il est vrai, et quelques autres petits objets en jade. Quand même, c’est moche, de rater ça : c’est comme si Gérard avait raté son méridien de Greewich !

Et en route pour Campeche, au nord-ouest du Yucatan, un peu de route, qui fatiguera peut-être notre bon chauffeur, mais reposera mes petons éprouvés par la longue visite de Palenque. Mais à Campeche, il faudra encore marcher sur toute la longueur d’une rue pour admirer les patios à l’Andalouse (il y en a sûrement de plus proches, en Andalousie, justement…), des maisons aux façades colorées et ornées de ferronneries ; petite visite dans une petite église, avec une Sainte Vierge (original, non ?) ; enfin, l’hôtel, une bonne douche, car la chaleur humide est éprouvante, et un peu de repos, enfin !

Reprendre des forces pour le site préféré de mon amie Régine, Uxmal : quand je l’ai vu, j’ai compris pourquoi : les bâtiments sont tous entièrement en pierre rose ; c’est magnifique ; très grand site, mais une petite partie seulement en est dégagée : une belle enfilade, englobant le jeu de balle, des pyramides se faisant face, et des ouvertures pour le soleil dont les rayons traversent le site entier aux solstices. Le tout expliqué par un excellent guide ; nous n’avons eu d’ailleurs que d’excellents guides, qui connaissaient leur sujet, et parlaient assez bien le français pour que nous les comprenions sans peine ; pas comme en Egypte.

Deux nuits à Merida : on va pouvoir souffler : que nenni : assez long trajet en bus le lendemain pour rejoindre une mangrove, à Celestún ; rien à regretter : superbe promenade en bateau, avec arrêts devant des oiseaux, notamment, et une armée de flamants roses qui caquetaient comme de vulgaires poules, im028.jpg ça faisait un vacarme ! On est restés assez longtemps pour que nous ayons le temps de changer la mémoire de l’appareil photo, qui a juste choisi ce moment-là pour nous lâcher (évidemment ! les piles, il y avait belle lurette qu’on savait les changer en grande vitesse (car ce foutu appareil est d’une voracité en énergie rarement vue jusqu’à maintenant), donc ça devait être la mémoire !)

Chichén Itza : le site le mieux conservé ; pas moi, car je n’étais pas au mieux de ma forme : j’ai chopé un rhume, j’ignore si c’est cette chaleur humide qui colle à la peau, la climatisation du bus, que j’ai supportée pendant tout le circuit sans faiblir, armée de ma casquette, d’un foulard et d’un blouson, ou les deux conjugués ; en tout cas, il est solide, le rhume mexicain, car 8 jours après le retour, je l’ai encore ! Visiter ce monstre de Chichén Itza avec la fatigue du rhume et de la chaleur humide, c’est de l’héroïsme ; j’ai été à la hauteur, je crois : après la visite avec un bon guide qui nous a bien fait tracer, sans même parler à l’ombre, peu de pierres secourables où poser ses fesses, il m’est resté assez d’énergie (où ai-je été la chercher, bon sang ?) pour monter à l’intérieur de la grande pyramide pour admirer de mes yeux le fameux jaguar de pierre rouge incrusté de jade. On disait qu’il y faisait une chaleur insupportable, les plus de soixante ans étaient priés de s’abstenir (ouf ! il était temps !), de même que les cardiaques et bien sûr les claustrophobes. C’était le matin, le soleil n’avait pas encore eu le temps de chauffer la pierre, donc, c’était supportable, je ne suis pas claustrophobe, ni cardiaque, que je sache, du moins, et j’ai monté mes 52 marches sans faiblir, en tête de cortège, suivie par de plus jeunes à qui je demandais, gênée, si je ne les ralentissais pas trop ; et j’ai entendu derrière moi des « oh ! non ! » essoufflés qui m’ont rassurée sur le rythme adopté. Un grand effort pour une petite déception : la bête, pour mieux se conserver, est très peu éclairée ; nos yeux, éblouis par le soleil, même avec les lunettes que j’avais pris la précaution de mettre à l’avance, voient mal ; arrivée la première, j’ai pu regarder assez longtemps, mais je garde l’impression désagréable de n’avoir pas bien vu. Dommage. Pendant ce temps-là, Gérard, claustrophobe, et donc privé de jaguar, réalisait lui aussi son petit exploit personnel en gravissant à l’extérieur (91 marches) la grande pyramide dont j’explorais précisément l’intérieur.C’était le dernier jour de circuit, mais non de visite, car nous devions passer deux jours à attendre l’avion du retour dans un hôtel touristique de la côte à Playa del Carmen. Ne voulant pas « perdre » de temps à ne rien faire, alors que l’on peut ne rien faire partout ailleurs, j’avais prévu un petit programme corsé :

Premier jour, visite aux dauphins dans un parc plutôt touristique que de réserve, comme annoncé : un monde fou, réservation 8 jours à l’avance, mais je les ai eus, mes dauphins ! Ca a la peau douce, ça se laisse caresser, ils sont dressés à jouer avec les touristes, mais pas de vrai contact personnel avec l’animal : tout est prévu, organisé, presque plus pour le spectacle que pour la réalisation des protagonistes eux-mêmes ; cassette ou DVD 5 mn après la sortie : un mécanisme commercial bien rôdé ; mais c’était tellement chouette que, bien que voyant parfaitement les rouages du mécanisme, j’ai marché dans la combine : j’ai voulu garder un souvenir animé de ce moment merveilleux où les deux bêtes m’ont projetée vers l’avant en me faisant sortir à moitié de l’eau, sans même que je puisse dire à quel endroit de mes pieds elles avaient pris appui, tellement leur toucher est délicat ! Dingue, non ? La seule chose que j’aie sentie, c’est une légère pression dans les genoux, qui a cessé aussitôt l’exercice achevé. J’en reste baba. On a l’impression qu’on se déplace tout seul, sans moyen de traction ou de pression. C’est très curieux.

Après cette étonnante expérience, nous avons dû quitter ce parc qui présentait certainement d’autres intérêts, pour aller visiter le charmant petit site de Tulum, dont la particularité est d’être édifié tout au bord de la mer : contraste du vert de la végétation avec le bleu de la mer et la blancheur des bâtiments. Pour les fatigués de mon genre, ne pas écouter la gourde de guide qui vous dit de ne pas prendre le petit train, que personne ne le fait, et qu’aucun guide ne prévient que le site est assez éloigné. C’est faux : le site est à un km, pourquoi se fatiguer quand un gentil petit train (pas confortable) vous tend les bras ? Surtout que le km en question ne présente rigoureusement aucun intérêt sur quelque plan que ce soit. En plus, la guide en question marche tellement vite que même Gérard avait de la peine à la suivre, et pourtant, il a un bon rythme, c'est dire!

Dernier jour, pas fatigant ; il n’y avait qu’à se laisser traîner de bateau en bateau : le ferry pour l’île de Cozumel, un bus pour aller à l’agence organisatrice, un bateau pour aller rejoindre le sous-marin, puis plongée vers la barrière de corail : peu de couleurs, à part toute une flopée de petits poissons bleus, mais des formes de type lunaire, des rochers difformes, et une vue plongeante sur la faille marine. Retour par les mêmes moyens, et pour ceux qui ont encore quelques sous, bijouteries à gogo. Je l’avais dit à Gérard, mais il n’avait néanmoins pris que 200 pesos, soit environ 15 euros. Et voilà que je déniche la bague de mes rêves ! 200 pesos, me demande-t-on. Et Gérard de fouiller ses poches, recherchant la mitraille ; tout à coup, le prix descend à 165 pesos ; en vidant ses poches, Gérard a fini par trouver de quoi payer la merveilleuse bague…en se privant de déjeuner, moi aussi, mais je n’avais pas faim ; lui non plus d’ailleurs ! N’est-ce pas toi, Michèle, qui, dans ta jeunesse impécunieuse, te privais de repas pour t’acheter du parfum ? J’ai pensé à toi. Gérard aussi ! Et pour finir, le soir-même, en vidant le coffre pour partir le lendemain, nous avons découvert…300 pesos, restés dans ma ceinture secrète de voyage ! Et devinez ce que j’ai fait de ces 300 pesos ? A l’aéroport, j’ai acheté une bague, pardi ! et un cadeau pour Michèle…

Evelyne - Strassen, le 5 mars 2005

C’était un beau voyage, non ?

Si vous avez toujours envie de voir les photos ...


Pour en savoir plus sur le Mexique:

http://www.ancientmexico.com/index.html

http://www.arizona-dream.com/Mexique/Recit/Recit.php

http://gjoachim.club.fr/index.htm


Si vous voulez aider le Mexique, signez la pétition:

http://www.petitiononline.com/chicano1/petition.html



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